Particuliers et élus mobilisons-nous !
Véritable fléau depuis son apparition remontant à une vingtaine d’années dans le Sud-Ouest de la France, connu pour sa capacité à décimer nos abeilles qui assurent la pollinisation d’environ 80 % de nos plantes et fleurs, le frelon asiatique n’a pas fini de faire encore parler de lui.
A l’aube de la campagne annuelle de piégeage, nous tenons à refaire ici un point sur les moyens et les enjeux de lutter contre sa prolifération.
Malgré les nombreux débats par le passé quant à son utilité, il est aujourd’hui admis que le piégeage reste en amont un très bon outil pour lutter contre sa progression.
Nous préférerions bien évidemment confier intégralement la tâche de l’élimination du frelon asiatique à nos amis à plumes, comme la mésange charbonnière, la bondrée apivore, le guêpier d’Europe, la pie grièche écorcheur, ou bien encore les poules, mais le pragmatisme et la lucidité s’imposent !
Sachant que l’homme contribue, par ses activités et par une artificialisation constante et excessive des sols, à détruire la biodiversité et à réduire dramatiquement les zones de vie de tous ces animaux, celui-ci doit donc tenter de se racheter une conscience et de mener des actions parallèles.
Le piégeage : mode d’emploi.
Le piégeage peut être mis en place à partir de la fin du mois de février, idéalement lorsque les températures dépassent les 10 °C, jusqu’au mois de Mai. Au-delà, son usage est à proscrire.
Les pièges doivent être installés dans les jardins, à hauteur d’homme, idéalement dans les camélias qui attirent par leur floraison les frelons, et plus généralement au soleil. On privilégiera donc une exposition plein Sud.
Le type de piège à utiliser est fondamental.
Les pièges faits « maison » à base de bouteilles plastiques sont à bannir et l’utilisation exclusive de pièges sélectifs, ayant fait l’objet d’un consensus entre scientifiques et professionnels, vivement conseillée.
Voici à titre d’illustration des pièges sélectifs à utiliser :
Le piège dit « Véto pharma » Le piège de type nasse
Pour l’utilisation du piège « Véto pharma », il convient d’y ajouter un attractif prêt à l’emploi ou d’en faire un soi-même mais, dans ce cas aussi, le mélange doit être bien précis : 1/3 de vin blanc, 1/3 de bière et 1/3 de sirop type grenadine.
L’attractif doit être remplacé une fois par semaine et il convient d’y laisser deux/trois frelons morts.
Toutes ces strictes recommandations sont essentielles car une mauvaise utilisation de ces pièges et de l’attractif utilisé peut faire, au final, beaucoup plus de tort que de bien.
En effet, d’autres insectes auxiliaires de culture, très utiles à notre écosystème, peuvent en être victimes, comme par exemple la guêpe ou bien encore le frelon européen, mal considéré, mais qui pourtant nous débarrasse des parasites de nos jardins (chenilles, mouches, araignées..).
La destruction des nids de frelon : une action complémentaire nécessaire.
Il s’agit, chacun s’en doute, d’un exercice beaucoup plus périlleux, plus dangereux et surtout plus coûteux que le piégeage.
La destruction s’avère utile quelle que soit la taille du nid : du nid primaire, élaboré par la fondatrice (nom donnée chez le frelon et équivalent à la reine chez l’abeille), jusqu’au « nid secondaire », de taille considérable, avec toutes les ouvrières et les gardiennes du nid, permettant ainsi d’éliminer une grande quantité d’insectes.
L’activité du frelon étant diurne, la destruction du nid est idéale en toute fin de journée ou très tôt le matin.
Lorsque le nid se situe sur le domaine public, il reviendra à l’autorité locale de faire le nécessaire, ce qui semble évident pour des raisons de sécurité publique : la population et, tout simplement, les agents communaux peuvent être victimes d’attaques graves s’ils ne voient pas les nids cachés par la végétation.
En revanche, lorsque les nids se trouvent sur le domaine privé, il reviendra au particulier concerné, locataire ou propriétaire, de payer l’intervention d’une société de désinsectisation.
Le particulier reste responsable pénalement si une personne est attaquée et blessée par les frelons provenant d’un nid situé sur sa propriété.
Le coût n’étant pas négligeable (d’une centaine d’euros à quelques centaines d’euros selon la localisation et l’accès au nid…), il est à craindre cependant que le particulier concerné ne fasse rien, surtout si le nid, du fait de son isolement, ne constitue pas un danger imminent pour la population.
Conscients de ces enjeux de sécurité publique, mais aussi soucieux de préserver notre biodiversité, certaines collectivités et certains élus se mobilisent.
Ainsi, certaines communes, villes, communautés de communes ou Départements subventionnent partiellement ou en totalité la destruction des nids sur les propriétés privées.
Nous pouvons citer par exemple les départements de la région Normandie, spécialement celui de la Manche, très actif, mobilisant des fonds et des plans d’action, entrainant des centaines de communes à agir.
Dans certains départements, les GDSA (groupements de défense sanitaire apicole) et/ou des syndicats apicoles mettent également en place des protocoles d’intervention et prennent en charge une partie ou bien la totalité des frais d’une désinsectisation.
Dans le Finistère, et proche de chez nous, nous pouvons aussi saluer l’action des élus de Concarneau Cornouaille Agglomération (CCA) qui financent chaque année sur son territoire une campagne de destruction des nids de frelons asiatiques (https://www.cca.bzh/vivre-ici2/frelons-asiatiques).
Le rôle des élus et des particuliers : une union nécessaire pour une lutte plus efficace
Si l’extermination du frelon asiatique n’est qu’utopie et illusion, il est en revanche possible de limiter et réduire sa prolifération.
Cela passe nécessairement par une mobilisation générale : les particuliers et les élus.
Nos instances nationales ( les ministères de l’Agriculture et de l’ Ecologie), mais aussi locales (Régions, Départements, communautés urbaines et de communes, Mairies) doivent intervenir beaucoup plus qu’elles ne le font aujourd’hui.
Elles doivent mobiliser davantage de moyens financiers, sensibiliser et fédérer beaucoup plus la population avec « l’arsenal » de scientifiques qu’elles ont à leur disposition ( Muséum d’Histoire Naturelle, L’ITSAP- institut de l’abeille, ….).
Il est tout à fait possible et réaliste de distribuer des quantités importantes de pièges sélectifs à la population, comme le piège Véto pharma qui s’avère bon marché ( 3-4 € !) et réutilisable, et d’en expliquer le bon fonctionnement aux particuliers sensibilisés par la question.
Quant à la destruction des nids, il faut mobiliser et débloquer davantage de fonds pour inciter la population à signaler leur présence et mener des opérations ciblées de destruction, permettant ainsi de mieux cartographier et géolocaliser les nids, afin d’organiser une lutte efficace et durable dans le temps.
Sur notre secteur, alors que la Bretagne et le Finistère sont pourtant durement touchés par le frelon asiatique, on ne peut que regretter et condamner le désengagement, pour ne pas dire le laxisme, de Quimperlé Communauté qui n’octroie plus aucune aide pour détruire les nids.
Quant à la commune de CLOHARS-CARNOËT, hormis la timide distribution de quelques dizaines de pièges à frelons asiatiques (150 en 2021…), le sujet n’interpelle pas non plus vraiment nos élus.
C’est également déplorable.
Nos élus locaux doivent donc prendre ce fléau à bras le corps et fédérer une action sur l’ensemble du territoire intercommunal, en associant l’ensemble des élus communaux, les professionnels et les administrés.
Il est primordial que la lutte contre le frelon asiatique devienne enfin l’affaire de tout le monde, à savoir des particuliers dans l’action précise et ciblée à mener avec le piégeage, mais aussi des élus qui sont les mieux à même de pouvoir organiser, fédérer et financer la destruction des nids, plus coûteuse et plus complexe.
Les budgets à y consacrer restent plus qu'abordables pour nos collectivités et ne mettront certainement pas en péril leurs finances, comparé à d’autres dépenses et investissements bien plus superflus et à l’intérêt général parfois douteux.
Plus nous agirons en amont, plus la régulation du frelon asiatique sera effective .
Mobilisons nous !
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